Bienvenue dans Raconte-moi une chanson, le podcast d’Elise Garcia, crée en partenariat avec la Fondation des Femmes, sur les inavouables secrets des chansons pour enfants.
Éloignez les oreilles innocentes du poste. Nous levons le voile sur un monde trouble où la souris verte en bave, Pierrot refuse les avances d’Arlequin, les rossignols se font censeurs de jeunes vierges.
Dans l’épisode d’aujourd’hui, Pomme a choisi Au Clair de la Lune, une histoire de luxure nocturne qui l’a autant émerveillée qu’incommodée.
Son premier pseudo sur les réseaux, “Claire de lune”, en disait déjà long sur son attachement au personnage de Pierrot, sorte de clown triste au magnifique costume, perché sur son croissant de lune, la tête dans les étoiles.
Au Clair de la lune est la berceuse la plus connue du répertoire de chansons enfantines, pourtant personne ne connaît les paroles jusqu’à la fin.
Les métaphores sexuelles s’y accumulent.
La plume symbolise le sexe masculin et la chandelle éteinte, le désir insatisfait. On peut aussi interpréter la chandelle morte et la plume sèche comme un signe d’impuissance.
Pierrot qui n’est pas d’humeur à satisfaire les envies d’Arlequin ou de Lubin selon les versions, le dirige vers la voisine, peut-être ici Colombine sous les traits d’une prostituée chez qui “on bat le briquet”, expression qui signifie assez crûment en vieux français : “s’envoyer en l’air”.
Pomme vise juste quand elle souligne le côté poétique et étrange de cette berceuse. Sans en comprendre le sens caché, les enfants et les adultes qui ignorent la signification de la chanson ressentent le côté intrusif de ce personnage qui tambourine à la porte de son ami en pleine nuit. C’est dérangeant.
Au clair de la lune nous ramène au temps des veillées paysannes où l’on chantait autour de l’âtre pour endormir les petits et faire rire sous cape les plus grands.
Il est difficile de porter ce message sans se faire rabrouer, mais la tradition grivoise nourrit la culture du viol.
Sous couvert de protéger un patrimoine quasi-sacré, on se laisse endormir littéralement.
Les non-dits et le silence opaque qui entourent les violences faites aux enfants devraient nous alerter sur la teneur de ces récits.
On banalise au fond le fait de faire chanter des chansons à caractère explicitement sexuel à des enfants.
L’ignorance a ses limites. Après cet épisode on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas.
Cet épisode est enregistré au studio la Poudre de la Cité Audacieuse.
Création et réalisation : Elise Garcia
Interview : Florence Trédez
Réinterprétation : Caro Sally
Photographe : Kamir Meridja
Montage : Arthur Dechet
Dans le prochain épisode, Clara Ysé nous parle de violence sociétale et de rage féminine avec Une souris verte.
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